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Approche typologique et chronologique des émissions de gros dits «florettes» au nom de Charles VI produites à Mâcon entre 1417 et 1421 – partie 9
par Oleg et Dominique Lemaire
Émissions non décrites au Dumas3 :
La 6ème émission royale ne fût produite que pendant seulement 12 jours. A Mâcon, une première et finalement unique délivrance de 256 000 monnaies avait été ordonnée. Elle devait porter comme signes distinctifs des quintefeuilles initiales, appelées aussi roses ou rosettes à 5 pétales, aussi bien à l’avers et qu’au revers. Bien que signalée dans la Collection Marchéville, mais sans visuel, aucun exemplaire n’a jamais été retrouvé à ce jour, ou tout au moins identifié comme tel, pour Mâcon. Cependant, des coins conformes à l’ordonnance de la 6ème émission ont bien été préparés, la preuve en est apportée par plusieurs des exemplaires retrouvés de l’émission ROY7, que nous publierons plus loin.
ROY6 sur le pied 128° au titre de fin de 0,239 pour un poids théorique de 2,549 g
Ordonnance du 9 Avril 1420, délivrée du 11 au 23 Mai 1420
ordonnance pour 256 000 exemplaires certainement non délivrée.
Descriptif : idem ROY5 sauf quintefeuilles initiales avers et revers
(quintefeuille) kΛRΘLVS : FRΛnCΘRV : REX // (quintefeuille) SIT : nΘme : DnI : BeneDICTV
ROY6 aucun exemplaire conforme à l’ordonnance royale retrouvé
Cependant, deux exemplaires particuliers, décrits ci-après, sont apparus récemment, avec des combinaisons inédites de signes initiaux et de ponctuations ; à l’avers, grand lis initial et ponctuation par demi-lis gauche, et au revers, croix de Saint André initiale. Les deux exemplaires présentent à l’avers une couronne royale habillée d’un treillis au faîtage de feuilles d’aches alternées d’annelets, mais au revers, des couronnelles bourguignonnes de type 1 dans les cantons de la croix et la même erreur de position du point secret, que sur le type Roy5quart-fauté2, précédemment décrit.
ROY6 de Mâcon ? :
ROY6-fauté1 :
Descriptif : idem ROY5quart-fauté2 sauf à l’avers : grand lis initial et ponctuation par demi-lis gauches, et, au revers : croix de Saint André initiale et croix cantonnée en 2 et 3 de couronnelles bourguignonnes de type 1, légende à 12 heures et annelet secret 17ème sous la « C » de « BeneDICTV »
(LIS) kΛRΘLVS 1/2lis FRΛnCΘRV 1/2lis REX // X SIT : nΘme : DnI : BeneDICTV
ROY6-fauté1 Exemplaire collection Oleg (2g35)
En raison de la ponctuation d’avers par demi-lis gauches, si particulière, Gérard Siwarski, collectionneur spécialiste du monnayage de Charles VI, propose de classer ces exemplaires, à la dernière délivrance de la 7ème émission, soit la délivrance frappée entre le 21 mars et octobre 1421.
Cette thèse est peu probable car, si cette florette arbore dans les légendes la croix de Saint André initiale de la 7ème émission au revers, elle porte, par contre, le lis initial de la 5ème à l’avers (invisible sur l’exemplaire de la collection Siwarski qui fera l’objet du prochain article, du fait d’une faiblesse de frappe, mais bien visible sur l’exemplaire de la collection Oleg, ci-dessus). De plus, la présence des feuilles d’ache sur la couronne d’avers, les « Θ » rondes et pointées, et le revers fauté sur l’exemplaire de la collection Siwarski, comme sur le ROY5quart-fauté2, certainement du fait du même graveur, permettent d’affirmer que si ces exemplaires sont, à coup sûr, postérieurs à la 5ème émission, ils sont tout aussi sûrement, du tout début de la 7ème émission, et donc, il pourrait tout à fait s’agir ici des florettes frappées à Mâcon, en guise de 6ème émission royale.
En outre, l’aspect de ces exemplaires, laisse à penser que leur titre d’argent fin est encore « élevé » ; la frappe éphémère de cette 6ème émission ou le début de la frappe de la 7ème émission, aurait-elle été effectuée sur un surplus de flan de la 5ème émission de 1419, dont l’aloi était plus haut que ne le prévoyait les ordonnances des 6ème et 7ème émissions ? Dans ce cas, le lis initial à l’avers et les demi-lis, ponctuation de la légende d’avers, seraient un « rappel » de ce titre de fin, et la croix de Saint André au revers le symbole de la transition entre la 5ème et la 7ème émission.
Cette hypothèse est d’autant plus probable, que l’enchainement extrêmement rapide des ordonnances des 6éme et 7éme émissions, à provoqué des retards de frappes également dans au moins deux des trois ateliers du Duché de Bourgogne, à Saint-Laurent-lès-Chalon et Cuisery, dont le monnayage était aligné sur le système monétaire royal, et où le pendant de la 6ème émission, ordonnée en Royaume le 9 avril, ne le fut que le 30 avril en Duché, alors que l’ordonnance pour la 7ème émission arrivait déjà dans les ateliers le 17 mai suivant.
A cette date, les ateliers bourguignons n’avait toujours pas fini de produire les gros correspondants à l’ordonnance de la 5ème émission, pour laquelle le reliquat était de 20000 marcs à Saint-Laurent-lès-Chalon, sur les 22000 qui était à forger, et 22000 marcs à Cuisery sur les 24000 qui était à mettre en œuvre (Dumas3 pages 210-211).
Il est donc fort possible que, l’atelier de Mâcon fût confronté à la même difficulté de respect des délais de production, tant il était compliqué à ce moment-là, de s’approvisionner en métal, d’autant que le Duc de Bourgogne, voisin géographique direct de l’atelier de Mâcon, avec ses ateliers de Saint-Laurent-lès-Chalon et surtout celui de Cuisery, et donc, concurrent principal du Roi sur le marché pour l’achat du métal, payait au-dessus du prix et en monnaies d’or, le marc de matière première que le Roi, lui, achetait à un tarif inférieur, et en pièces d’argent, dont le cours, suite à la pénurie, flambait à un rythme effréné, puisque pour rappel, la monnaie passait pendant ce printemps 1420, du pied 96° au pied 128°, puis 160°, sans changement de faciale, en moins de trois semaines, ce qui expliquerait que la frappe de cette ROY6 aux différents mêlés de la 5ème et de la 7éme émissions, se soit faite dans l’urgence, sur un reliquat de flans au titre de la 5ème émission, faute d’avoir un stock de billon disponible au titre conforme à l’ordonnance de la 6ème émission.
Si tous ces éléments nous confortent dans l’idée que nous sommes en présence des deux premiers, et pour l’instant, uniques exemplaires retrouvés, de la supposée 6ème émission de Mâcon, ils prouvent une fois de plus que les employés de l’atelier, ne s’attachaient que peu aux directives royales, et qu’ils adaptaient allègrement, quand cela leur semblait nécessaire, les cahiers des charges avec une légèreté déconcertante et certaine.
à suivre….
sources :
1 / – « Recueil de documents relatifs à l’histoire des monnaies frappées par les rois de France », tome II, F. de Saulcy , Caen 1888.
2 / – « La monnaie royale depuis la réforme de Charles V jusqu’à la restauration monétaire par Charles VII », 1ére partie, A. Dieudonné, Bibliothèque de l’école des chartes. 1911, tome 72. pp. 473-499.
3 / – « Le Monnayage des Ducs de Bourgogne », Françoise Dumas-Dubourg 1988.
autres : Poinsignon Numismatique, Vente aux enchères de la Collection Jean-Claude Bourgeois, à Besançon le 26 Mai 2012.
Collections privées : J.-C. D., Claude Frugier, Laurent Grasteau, Dominique Lemaire, Oleg et Gérard Siwarski.
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