Les “Morlon” à la Croix de Lorraine et au V, symboles de résistance à l’occupant et de la Victoire de 1945 (2/2)

par gilles Marchand

Durant la seconde guerre mondiale, la croix de Lorraine a aussi été associée à la lettre V, signe d’espérance en la Victoire rendu célèbre par Winston Churchill en 1941. Ces deux emblèmes se retrouvaient ainsi sur de nombreux graffitis peints clandestinement sur les murs durant l’occupation.

Cette association se retrouve aussi sur des monnaies artisanalement retravaillées à cette période.

Ainsi, cette pièce de 50 centimes Morlon a été découpée pour dessiner un grand V en dessous de la devise expressément préservée de la République française. Une croix de Lorraine, détourée dans une mince plaque de métal blanc, a ensuite été encastrée au centre de la composition pour transformer cette monnaie en une très originale petite médaille bicolore qui devait être d’aspect or/argent à l’origine.
Bien que sa date de réalisation ne soit pas connue, cette breloque, manifestement de confection artisanale, n’en constitue pas moins un étonnant témoignage de cette période de l’histoire de la France.

L’association du V de la Victoire et de la croix de Lorraine a inspiré plus d’un habile bricoleur. Une composition très similaire à cette petite médaille est visible sur des insignes munis d’une épinglette. Destinés à être porté sur un vêtement, il s’agit très certainement d’objets mémoriels dont le port en public n’a pu avoir lieu qu’après la Libération.

Encore plus étonnant, cette pièce de 2 francs Morlon montée en broche a été soigneusement ajourée pour ne conserver que la légende “Liberté – Égalité – Fraternité” et les deux cornes d’abondance.

Un grand V obtenu par pliage d’une fine tige en métal blanc a ensuite été soudé au centre évidé de la pièce puis une croix de Lorraine découpée dans une mince plaquette de cuivre rouge a été ajoutée à l’ensemble pour parfaire la composition.

Toutes ces compositions ont comme point commun la conservation des légendes faisant allusion à la République. Les monnaies à la République de Morlon, que ce soient les pièces de 50 centimes ou celles de 1 ou 2 francs, se prêtaient admirablement à ces transformations qui aspiraient au retour de la République et à ses valeurs puis célébraient la Libération de la France après quatre années d’occupation.

Que dire par contre des personnes qui ont porté ces objets ? Il s’agissait surement de républicains irréductibles, de combattants de la France Libre, d’authentiques résistants ou maquisards, de fidèles inconditionnels du Général de Gaulle ou de simples citoyens heureux d’être libérés après quatre années d’oppression. On ne peut cependant exclure le port de ces objets, symboles de résistance et de la France Libre, par des personnes au passé plus trouble …

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