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De la genèse de la croix dite « mâconnaise » – partie 1

mars 23rd, 2025 | Faire un Commentaire

Par Oleg

Introduction :

Connue des numismates médiévalistes, pour son omniprésence sur les deniers et oboles de Mâcon immobilisés au nom du roi capétien Philippe 1^er, la croix dite « mâconnaise » puise ses origines dans une primo représentation sur des monnaies beaucoup plus anciennes.

Cet article va permettre également de faire la lumière sur une légende qui me revenait régulièrement quant à un possible monnayage de Mâcon au nom de Charles 1^er le Grand, dit « Charlemagne » (Carolus Magnus), et dont je n’avais pour autant jamais retrouvé d’exemplaire indiscutable.

Si je connaissais déjà des exemplaires affichants le nom de la cité de Chalon-sur-Saône, atelier monétaire de grande importance dès le règne des rois mérovingiens francs, rien ne m’était connu pour Mâcon avant les monnaies au nom de Charles III le Simple (roi de 898 à 922), soit l’époque ou la région de Mâcon est élevée au rang de Comté.

Contexte historique :

Sous l’ère des mérovingiens, les Burgondes envahissent « pacifiquement » l’Empire Romain, alors sur le déclin, et fondent à partir de 443, le Royaume Burgonde (Regnum Burgondiae), territoire immense qui s’étend de Langres au nord à Arles au sud, et de Nevers à l’ouest aux rives du lac de Constance à l’est, dont l’axe Saône-Rhône dans sa globalité, Lyon est leur capitale et Chalon-sur-Saône est cité palatine, aussi aucun atelier monétaire n’est installé à Mâcon. Après la conquête de ce royaume par les Francs en 534, la Burgondie devient ainsi une principauté importante de la Francie, au point qu’elle conserve ses lois propres au monde burgonde, un état dans l’état. S’ouvrent alors deux siècles, durant lesquels l’atelier monétaire de Chalon, va connaitre un essor sans équivalent, au point d’être aussi important que celui de la capitale de la province ; Lyon, et le plus important de la Bourgogne comme nous la connaissons aujourd’hui. Dans le même temps, Mâcon forge ses premières monnaies mérovingiennes franques, mais la production reste d’un volume très confidentiel et ne nous sont parvenus que quelques rares tiers de sou d’or des VIè et VIIè siècle, moins de quinze exemplaires me sont connus à ce jour.

Mâcon – 511-600 – triens au nom du monétaire Joseph – coll. de l’auteur (1gr39-13mm9)

Sous le règne des carolingiens, c’est le statut quo, jusqu’en 840, date du partage tripartite de l’empire entre les trois fils de Louis 1er le Pieux, lui-même fils héritier de Charlemagne qui avait anticipé le partage de son empire dès 806 tel un « camembert ». Cette division de l’Empire en trois Royaumes censés être fraternels est très vite source de lourdes tensions entre Lothaire 1er, Charles II le Chauve et Louis le Germanique ; Lothaire 1er comptant soumettre ses deux frères et devenir Empereur à son Tour. Avec une partition géographique à géométrie « verticale » de l’Empire, comme Chalon-sur-Saône, Mâcon se retrouve alors détachée de la Burgondie originelle, à la frontière orientale du royaume de Charles II le Chauve héritier de la Francie Occidentale et celui de Lothaire qui lui a hérité de la Francie Médiane, Louis le Germanique étant cantonné à la Francie Orientale. Cette situation frontalière qui reste très instable jusqu’au Traité de Verdun en 843, par lequel on fixe par écrit les nouvelles frontières de chacun des trois royaumes, assez proche d’ailleurs de l’idée que s’en faisait Charlemagne en son temps, et la proximité de Chalon, atelier royal officiel de Charles II le Chauve, explique la faible importance administrative encore, de la cité de Mâcon à cette époque, et le très faible héritage numismatique qui nous en est restitué. Cette situation perdurera jusqu’à l’ère capétienne, qui enfin, nous lèguera un monnayage beaucoup plus abondant, dont le denier immobilisé au nom de Philippe 1^er, devenu emblématique du monnayage médiéval de Mâcon.