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Approche typologique et chronologique des émissions de gros dits «florettes» au nom de Charles VI produites à Mâcon entre 1417 et 1421 – partie 10
par Oleg et Dominique Lemaire
ROY6-fauté2 :
Descriptif : idem ROY6-fauté1 sauf au revers : comme sur ROY5quart-fauté2, une légende commençant à 13 heures.
ROY6-fauté2 Exemplaire collection Gérard Siwarski (2g18)
Une autre hypothèse, qui aurait pu éventuellement expliquer l’existence de ces exemplaires, rapportée par Françoise Dumas-Dubourg3 dans son ouvrage page 236, sur une publication de F. de Saulcy1 ; je cite : « A la fin de l’année 1420, les Rois de France (Charles VI) et d’Angleterre (Henri V) décidèrent, pour lutter contre l’affaiblissement continuel des monnaies, de décrier les espèces qui avaient cours et de forger … des gros, …sur le pied 30°. … La frappe des pièces nouvelles fut un échec. N’étant pas frappées en assez grande quantité, elles disparurent, refondues sans doute dans les ateliers du Régent (Dauphin Charles VII) qui frappait sur le pied 216°.»1 et 3
Mais, cette théorie, est à écarter, car elle laisse supposer une ordonnance pour une nème émission royale sur un titre de fin ramené à un niveau largement supérieur à celui de la première émission de florette en 1417. Elle pourrait donc éventuellement justifier l’aspect très « argenté » des exemplaires, et la combinaison inédite de signes initiaux lis/croix de Saint André, encore qu’au vu du titre de fin choisi, la combinaison distinctive éventuelle d’une telle émission aurait plutôt du être : croisette hospitalière/croix de Saint André, malheureusement, elle n’explique aucunement la similitude, et donc la continuité chronologique, des coins de revers fautés, signalée ci-avant entre le type ROY5quart-fauté2 et ces exemplaires ROY6.
Enfin, l’attribution de ces deux exemplaires à l’émission ROY8, que nous détaillerons plus loin, est également à exclure, puisque cette émission est censée être en tous points conformes à sa contemporaine ROY7, avec sa couronne royale de type 2, ornée d’un treillis et au faitage de lis alternés d’annelets, mais avec des lis initiaux à l’avers et au revers comme différent d’émission.
Au regard de tous ces éléments combinés, et en attendant de nouvelles données hypothétiques, il semble, à ce jour, plus logique de classer ces deux exemplaires, entre les 5ème et 7ème émissions, en tant que ROY6 mâconnaise, avec sa typologie particulière, inédite et endémique.
Quant à la présence des couronnelles de type 1 dans les cantons de la croix de revers, elle pourrait laisser supposer une frappe d’origine bourguignonne, plutôt que royale. Mais en l’année 1420 l’atelier est incontestablement possession du Roi, alors peut-être qu’il ne faut voir dans l’apposition de ces marques distinctives bourguignonnes, que la confirmation de la reconnaissance de l’autorité des Ducs de Bourgogne sur la région, faite en 1417, suite aux lettres écrites par Jean-sans-Peur, depuis Hesdin (Pas-de-Calais) en avril, et dans lesquelles ce dernier demandait aux différents Comtés de prendre parti pour le Roi ou pour lui-même. Les notables Mâconnais ayant choisi de reconnaitre l’autorité du Duc sur leur ville en septembre, Jean-sans-Peur fît main basse sur Mâcon en octobre. Ces marques reflètent de façon assez discrète le rejet de l’autorité du Roi Charles VI, dans l’incapacité, à ce moment là, de gouverner un Royaume unifié, et le refus de la prétention au trône de France du Dauphin Charles VII.
On peut ainsi émettre l’hypothèse que, la présence de ce type de couronnelles au revers ne soit pas anodine, car il ne faut pas oublier que, jusqu’à une époque récente, la plupart des gens étaient illettrés, et que les monnaies étaient aussi un puissant support pour les symboles de propagande politique. Donc, si l’avers conserve la couronne royale de type 2, ornée d’un treillis au dessus des trois lis, représentative de l’Autorité Royale imposée aux Mâconnais, sur le revers, qui lui, évoque la foi, le graveur a apposé dans les cantons de la croix latine, les couronnelles bourguignonnes de type 1, ornées d’un feston, signifiant ainsi que les Mâconnais ne reconnaissaient que l’autorité de Dieu et celle du Duc. Il est à noter que cette « pratique » a perduré jusqu’aux dernières productions de florettes à Mâcon.
NB : La présence de ces mêmes couronnelles sur certains exemplaires au type ROY5 était peut-être déjà à l’époque, l’expression de ce serment d’allégeance des Mâconnais envers le Duc de Bourgogne.
ROY6 avec « e » onciale dans « ReX » : non retrouvé
sources :
1 / – « Recueil de documents relatifs à l’histoire des monnaies frappées par les rois de France », tome II, F. de Saulcy , Caen 1888.
2 / – « La monnaie royale depuis la réforme de Charles V jusqu’à la restauration monétaire par Charles VII », 1ére partie, A. Dieudonné, Bibliothèque de l’école des chartes. 1911, tome 72. pp. 473-499.
3 / – « Le Monnayage des Ducs de Bourgogne », Françoise Dumas-Dubourg 1988.
autres : Poinsignon Numismatique, Vente aux enchères de la Collection Jean-Claude Bourgeois, à Besançon le 26 Mai 2012.
Collections privées : J.-C. D., Claude Frugier, Laurent Grasteau, Dominique Lemaire, Oleg et Gérard Siwarski.
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