La Numismatique en Mâconnais » Billets de la Chambre de Commerce de Macon, Histoire locale, Monnaies de Macon » Les billets des Chambres de Commerce de Mâcon et de Bourg (1915-1926) – 5ème partie
Les billets des Chambres de Commerce de Mâcon et de Bourg (1915-1926) – 5ème partie
par Gilles MARCHAND
5- Un retard mystérieux dans la réalisation de la série D
Fin octobre 1917 – Les coupures de la série Crt commencent à remplacer celles des séries précédentes trop abîmés.
Depuis la première émission, les chambres de Commerce de Mâcon et de Bourg réunies ont mis en circulation 1.600.000 coupures de 1 francs et 800.000 coupures de 50 centimes représentant un montant total de deux millions de francs mais depuis une année, ce nombre de billets n’a pas augmenté.
Certaines de ces coupures sont conservées, notamment dans les campagnes, ce qui engendre pour les commerçants et les industriels d’importantes difficultés pour faire l’appoint des paiements et la paie des ouvriers.
Afin de remédier à ce manque de petites coupures, les deux Chambres de Commerce décident de procéder en commun à une émission complémentaire d’une valeur totale de un million de francs comprenant pour chaque chambre 400.000 coupures de 1 franc et 200.000 coupures de 50 centimes.
L’autorisation ministérielle sera accordée moins de deux mois plus tard le 15 décembre 1917 et dès le début de l’année 1918, la Banque de France met le papier filigrané nécessaire à l’impression de cette nouvelle émission à la disposition de l’imprimerie PERROUX et Fils.
Mystérieusement, cette émission ne sera pas réalisée immédiatement bien que sa nécessité soit manifeste.
La raison de ce retard dans sa réalisation n’est pas connue. Dans sa séance du 26 février 1918, alors que le papier était déjà à la disposition de l’imprimeur, la Chambre de Commerce indique que l’impression et le numérotage nécessiteront un certain délai. Il faudra attendre le 4 février 1919 pour que la décision de procéder à l’émission soit prise à la demande de la Chambre de Commerce de Bourg.
Une année entière s’était écoulée sans qu’aucune action ne se produise et même le libellé des nouvelles coupures n’était pas encore arrêté en ce début 1919.
Le besoin de monnaies divisionnaires devait cependant se faire fortement ressentir car ces coupures seront rapidement réalisées sous la lettre de série D et leur mise en circulation s’effectuera le 19 mai 1919.
Cette émission comportera plusieurs nouveautés.
Tout d’abord, bien que M LARDET, ancien président le la Chambre de Commerce de Mâcon, soit décédé en 1915, les coupures émises depuis portaient toujours sa signature. C’est uniquement à partir ce cette émission que la signature de M PERROUX remplacera celle de son prédécesseur.
Par ailleurs, les mentions au verso seront différentes avec “Émission du 15 Xbre 1917″ et “La contre-valeur est déposée au Trésor. Remboursable par les caisses publiques dans le délai d’un an qui suivra la date du décret fixant la cessation des hostilités”.
Pour finir, cette émission ne prévoyait pas de complément destiné au remplacement des coupures usagées. Aucune coupure ne sera donc mise en réserve à cette fin.
Alors pourquoi a-t-il fallu attendre 18 mois entre la demande d’émission et sa mise en circulation ?
Il est peu probable que les problèmes techniques rencontrés lors de l’émission précédente se soient renouvelés. En effet, l’impression des coupures de la série Crt venait de s’achever lorsque l’autorisation de cette nouvelle série fut accordée. Les ouvriers connaissaient donc les réglages des machines et avaient désormais l’expérience pour résoudre les problèmes liés au papier filigrané. Il ne s’agissait pas non plus d’un problème d’approvisionnement puisque le papier avait été immédiatement mis à disposition de l’imprimeur. Par ailleurs, le bulletin de la Chambre de Commerce du 4 février 1919 indique que le libellé des nouvelles coupures n’était pas encore arrêté, ce qui prouve qu’aucune démarche n’avait encore été engagée à cette date pour réaliser cette émission.
La deuxième hypothèse, plus vraisemblable, serait que le remplacement des coupures usagées des premières séries par celles de la série Crt ait mis plus longtemps que prévu et que, de ce fait, la nécessité de lancer l’impression d’une nouvelle émission ne paraissait plus aussi évidente.
Cette hypothèse serait confirmée par le nombre de coupures retirées de la circulation et incinérées. En effet, pour remplacer les coupures usagées, la Chambre de Commerce de Mâcon disposait alors de 600.000 coupures de 1 franc et de 300.000 coupures de 50 centimes. Au 25 février 1919, seulement 490.000 coupures de 1 franc et 248.000 coupures de 50 centimes avaient été retirées de la circulation par la Chambre de Commerce de Mâcon. Il restait donc encore en réserve au début de l’année 1919 des coupures de remplacement issues des émissions précédentes. Cette situation expliquerait aussi le fait qu’il n’ait pas été prévu de tirage complémentaire avec cette série D.
Préoccupé par l’évolution toujours incertaine du conflit tout au long de l’année 1918 ainsi que par l’effort de guerre nécessaire à la victoire, il serait alors possible que l’on ait négligé quelques temps le besoin de monnaies divisionnaires et oublié que le simple remplacement des coupures usagées n’augmentait pas le nombre de coupures en circulation indispensable à l’amélioration des échanges commerciaux quotidiens. Ce besoin serait réapparu passé l’euphorie de la victoire.
Classé dans : Billets de la Chambre de Commerce de Macon, Histoire locale, Monnaies de Macon · Mots-Clés: billets, bourg en bresse, chambre de commerce Mâcon, coupures
Commentaires récents