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Alexandre Morlon et la médaille de Louis Dupont (2/2)
par gilles Marchand
Sans documentation précise, il est souvent difficile de dater avec exactitude une médaille. Il est aussi rare de connaître dans le détail les circonstances qui ont conduit à sa conception, de l’idée de départ à la frappe finale.
Dans l’ouvrage “A la rencontre d’Alexandre Morlon” (voir page “Librairie”), la médaille à l’effigie de M Louis Dupont est répertoriée par erreur à l’année 1940. C’est en effet l’année qui figure avec le portrait de ce banquier du Nord. En réalité, Alexandre Morlon ne sera chargé du projet et ne le réalisa que durant le premier semestre 1942.
C’est un échange de courriers entre Alexandre Morlon et M Giacinti, chef de bureau à l’administration des Monnaies et Médailles de Paris qui apporte un eclairage nouveau et permet de reconstituer l’histoire de cette médaille. Ces deux lettres sont datées du 13 janvier et du 21 juin 1942.
Au cours de l’année 1940, Alexandre Morlon avait quitté Paris pour Houdan dans les Yvelines. Cet éloignement marqua un arrêt dans sa carrière de medailleur jusque là féconde.
L’idée de cette médaille à l’effigie de Louis Dupont naît à la fin de l’année 1941 ou au tout début du mois de janvier 1942, date à laquelle M Moeneclaey, Directeur de la Monnaie est sollicité pour sa réalisation.
Alexandre Morlon fut “mis en avant et retenu au premier rang” par la Monnaie de Paris qui, pour finaliser le choix du graveur, lui demanda des exemples de portraits afin de les présenter au commanditaire. Ce dernier fut très probablement satisfait des portraits présentés car Alexandre Morlon fut désigné pour réaliser cette médaille.
Il en fournit rapidement le modèle destiné à la fabrication des coins mais, atteint d’une crise d’asthme, il ne pu se déplacer à Paris pour valider les coins réalisés d’après la réduction du portrait de M Louis Dupont dont il était l’auteur. Dans une lettre du 21 juin, il autorisait la frappe en indiquant simplement : “cela doit être très bien”. En observant la médaille frappée, cette confiance était méritée (voir partie 1/2 de l’article).
En plus des détails sur les différentes étapes qui ont abouties à la confection de cette médaille, ces échanges de courriers nous montrent aussi la sollicitude de M Giacinti envers Alexandre Morlon. Ainsi, dans la lettre du 13 janvier, il s’inquiète de son absence et de l’arrêt de sa carrière de médailleur. Il le contactera régulièrement tout au long de la guerre pour lui proposer des projets de médailles ou lui annoncer la reprise de médailles avec un revers différent.
Dans ses réponses, Alexandre Morlon évoquera souvent les rigueurs de la vie quotidienne découlant de la guerre et de l’occupation allemande : “La vie devient aussi très dure ici, pas d’œufs, presque pas de viande ni beurre ni fromage et le peu à des prix incroyables à la campagne”.
L’administration des monnaies n’était pas seule à s’inquiéter pour Alexandre Morlon, son ami et ancien élève, le sculpteur québécois Emile Brunet lui faisait parvenir du Canada des colis par l’intermédiaire de la Croix Rouge. En effet, si les droits d’auteur perçus par Alexandre Morlon lui permettaient de vivre de son activité de médailleur, ils ne lui apportaient pas un niveau de vie suffisamment confortable pour échapper aux restrictions de cette période sombre de l’histoire française.
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