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Des gros dits «florettes» ducaux inédits frappés au nom de Charles VI à Chalon-sur-Saône en 1419 – partie 1

par oleg

 

Avant-propos :

Il est des types monétaires médiévaux pour lesquels les recherches réservent encore des découvertes surprenantes aux numismates, bien que ce monnayage ait déjà été étudié et publié par le passé. C’est le cas des gros dits « florettes », monnaies frappées entre 1417 et 1421 sous le règne et l’autorité du Roi de France Charles VI, mais aussi par son fils, Dauphin puis Régent, Charles VII, et enfin par les Ducs de Bourgogne Jean-sans-Peur et Philippe-le-bon, toujours au type et au nom du Roi.

Contexte politique : Les cinq années, pendant lesquelles sont forgées ces monnaies sont diplomatiquement très mouvementées. Nous sommes en pleine Guerre de Cent Ans, et les hostilités reprennent entre les différents belligérants pour le contrôle du trône de France, qui attire les convoitises à la fois, du Dauphin-Régent Charles VII fils de Charles VI qui est considéré comme fou, mais aussi du Roi d’Angleterre Henry V, gendre du Roi de France, puis du Duc de Bedford Régent pour le très jeune Roi Henry VI, fils de Henry V. Dans ce contexte tendu, le Duc de Bourgogne Jean-sans-Peur a pris le parti de son cousin le Roi Charles VI, qui, en son palais à Paris, est en résidence surveillée par les Armagnacs, alliés de Charles VII. Quant à elle, la Reine Isabeau de Bavière mère de ce dernier, est en exil à Tours. Après avoir libéré celle-ci en novembre 1417, le Duc de Bourgogne se verra confier officiellement, en janvier 1418, en remerciement, l’exploitation les ateliers de Dijon (donc aussi Chalon-sur-Saône) et Mâcon, entres autres, pour un bail d’un an, qu’il fera confirmer en octobre 1418 par le Roi Charles VI après l’avoir libéré à son tour. Le Duc outrepassera ce bail et conservera les ateliers jusqu’en juillet 14191. Dans les faits le Duc s’était déjà emparé de Dijon et Mâcon, qu’il avait « associés » administrativement puisque des documents d’archives montrent que les comptes de la monnaie de Mâcon étaient déjà rendus à la monnaie de Dijon depuis le 6 octobre 1417, date à laquelle le Duc avait fait rouvrir Dijon2. En cette fin 1417, le Duc ne monnaya pas de florettes dans ses nouveaux ateliers.

Contexte géographique : les Ducs Bourguignons ont toujours contesté au Roi la possession des trois villes de Dijon, Chalon-sur-Saône et Mâcon, dont la situation est bien particulière, puisqu’elles sont, à cette époque, administrativement dans le Domaine Royal, mais géographiquement en Bourgogne, source du litige. En l’occurrence, Chalon-sur-Saône, atelier monétaire « secondaire » succursale de Dijon, est, sur la rive droite de la Saône, confronté à la concurrence directe de l’atelier monétaire de Saint Laurent-lès-Chalon, petite cité sise en Duché, sur une petite île proche de la rive gauche, séparée par un bras de rivière de quelques dizaines de mètres seulement de Chalon-sur-Saône. Tout l’intérêt de Jean-sans-Peur pour ces deux villes, réside dans le fait qu’en s’accaparant Chalon-sur-Saône, il devient l’unique bénéficiaire des profits des deux ateliers monétaires, mais aussi des octrois, dont doivent s’acquitter les marchands qui ont, pour le besoin de leurs affaires, la nécessité de franchir, dans un sens ou l’autre,  la Saône, frontière naturelle mais surtout administrative entre le Royaume et le Duché.

 

Les florettes de Jean-sans-Peur au nom de Charles VI frappées en 1419 à Chalon-sur-Saône :

A Chalon-sur-Saône, succursale de Dijon annexée en octobre1417, le Duc ne pouvait frapper monnaie que pendant les foires froides (d’hiver ouvraient le premier dimanche de Carême), et les foires chaudes (d’été ouvraient le 25 août), celles-ci duraient un mois chacune. Ce sont les personnels de Dijon qui se déplaçaient alors avec leur matériel pour assurer le fonctionnement de l’atelier, qui chôma d’une partie de 1418 au 31 mai 1419. C’est en partant de ces données établies et bien connues que, Dominique Lemaire me soumit des clichés de florettes, qu’il considérait comme ayant été frappés à Chalon-sur-Saône, au regard de la position de l’annelet secret d’atelier, mais pour lesquels il n’expliquait pas la typographie de la couronne surmontant les trois lis de l’avers. En effet, la couronne bourguignonne classique, porte un faîtage de feuilles d’aches alternées d’annelets, qui se retrouve également sur les florettes d’origine ducale de Dijon et Mâcon. Hors, les exemplaires en question arborent une couronne particulière au faîtage de feuilles d’aches alternées de trèfles, inconnue dans les autres ateliers du royaume. Après un examen attentif, cette alternance d’aches et de trèfles me donnaient une impression de « déjà vu ». Aussi, je me replongeais dans ma collection personnelle, en privilégiant plus particulièrement mes monnaies bourguignonnes des ateliers de Cuisery et Saint Laurent-lès-Chalon. Et là, apparaissaient des similitudes graphiques, qui soulevaient de nouvelles interrogations.

1/- Comment cette couronne, au faîtage directement inspiré de celui arboré sur les gros bourguignons de Cuisery, a-t-elle pu se retrouver sur des gros au type royal ?

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Couronne bourguignonne classique au faîtage de feuilles d’ache alternées d’annelets (détail d’une florette de Mâcon)

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Couronne bourguignonne inédite au faîtage de feuilles d’ache alternées de trèfles (détail des florettes inédites)

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Couronne bourguignonne cuiserotaine au faîtage de feuilles d’ache alternées de trèfles (détail d’un gros de Cuisery)

2/- Pourquoi les caractères des légendes de ces gros royaux sont-ils issues des mêmes poinçons de lettre que ceux des gros bourguignons de Saint Laurent-lès-Chalon ?

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typographie des florettes inédites

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typographie des gros de Saint Laurent-lès-Chalon

sources :

1 / –  « La monnaie royale depuis la réforme de Charles V jusqu’à la restauration monétaire par Charles VII », 1ére partie, A. Dieudonné, Bibliothèque de l’école des chartes. 1911, tome 72. pp. 473-499.

2 / – « Le Monnayage des Ducs de Bourgogne », Françoise Dumas-Dubourg 1988, pages 224 à 227 et planche XII

3 / – OGN Numismatique, Vente aux Enchères « Collection d’un Amateur Bourguignon », 2ème partie juin 2011.

Collections privées : Claude Frugier, Dominique Lemaire, et Gérard Siwarski.

 

Pensez à visiter le forum de l’ACNRF : http://acnrf.forumperso.com/

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